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Quitter le mode solo et fonder une équipe : mon passage au mode multijoueur de l’entrepreneuriat

par | Jan 27, 2023

Nous sommes le Lundi 5 Décembre, il est 17h et comme souvent, je regarde par la fenêtre de ma maison en Corrèze le soleil se coucher sur l’horizon. 

J’adore cette période de l’année, que je trouve vraiment propice au ralentissement, à l’observation et à la prise de recul.

L’année dernière à cette même période, j’étais face à la même vue, et je commençais à écrire l’article qui deviendrait ma pièce écrite la plus lue depuis que je crée sur internet (soit plus de 6 ans maintenant).

Cet article, c’était mon bilan de l’année 2021 – “100 000€, de la sueur et des larmes” – qui est devenu malgré moi (ce n’était pas du tout mon objectif lors de l’écriture) le premier résultat Google sur la requête “100 000€ de chiffre d’affaires”.

J’ai reçu des dizaines et des dizaines de messages tout au long de l’année suite à cet article pour me remercier et me féliciter de sa qualité et sa transparence, notamment de la part de mon ami Alexandre Dana, le fondateur de LiveMentor.

Alexandre m’a récemment partagé qu’il envoyait souvent cet article aux entrepreneurs qu’il accompagne pour leur montrer exactement ce qui ne faut PAS faire en termes de gestion de sa trésorerie quand son entreprise comment à grandir vite.

D’ailleurs ce n’est pas le seul, Pauline Sarda, une de mes collègues formatrices sur les sujets entrepreneuriaux, cite également cet article avec le même discours.

Commentaire de Alexandre Dana Livementor sur mon article bilan 2021

Le commentaire de mon ami Alex Dana sous mon article bilan 2021

Je me suis donc dit que cette année encore, j’allais écrire mes pensées et mes observations d’une année de plus à entreprendre. 

Peut-être que mon année 2022 servira elle aussi d’un anti-exemple pour éviter les erreurs qu’on commet forcément sur la route de la création et du développement d’une entreprise.

C’est en tout cas la moindre des choses que je souhaite à cet article.

Maintenant que ce contexte est posé, je te souhaite la bienvenue dans une partie de mon bilan professionnel (et personnel en réalité, parce que je ne suis qu’un être humain, et parce que tout est lié) de l’année 2022.

Mon intention avec cet article est de coucher sur la page mes expériences et mes apprentissages de la manière la plus transparente possible pour que n’importe quelle personne qui lit ce retour d’expérience puisse tirer les fruits de mon cheminement et ainsi, je l’espère, nourrir le sien.

Comme dans l’édition 2021 de cet article, je nous propose de démarrer par une photo de la vue depuis ma maison, prise ce matin même au lever du soleil alors que j’étirais mon corps sur mon tapis de yoga.

Cette année encore, ma petite entreprise (qui grandit quand même pas mal du coup) a enregistré un chiffre d’affaires supérieur à 100 000€.

Pour être très précis, au moment où j’écris ces lignes début Décembre nous en sommes même à 133 240€ selon mon tableau de gestion financière, même si je ne suis pas à 1000% certain de l’exactitude de ce chiffre (on reviendra d’ailleurs sur ce doute plus tard dans l’article).

Mais finalement, alors qu’en 2021 ce chiffre m’a paru être un palier symbolique fort et marquant, cette année je ne ressens pas forcément d’émotion particulière en lui faisant face.

Levé de soleil bilan thomas burbidge

La vue depuis ma maison passive en Corrèze

Si les deux dernières lignes te paraissent être une aberration, notamment dans la période d’inflation, d’explosion des prix du chauffage et du transport, et de crise sociale que nous traversons, alors je t’invite chaudement à lire ou relire mon article de l’année dernière pour mieux comprendre la réalité qui se cache derrière ces “gros” chiffres.

Cette année, c’est d’autres choses qui m’ont marqué, d’autres sujets qui sont venus secouer mon existence d’entrepreneur.

J’imagine que le titre de cet article laisse deviner au moins une partie de ces choses, car elles s’inscrivent globalement dans une sorte de mutation identitaire que j’ai vécue tout au long de cette année.

J’ai commencé l’année 2022 avec la casquette de “l’indépendant”, ou du “solopreneur”, que je portais depuis mes premiers pas de freelance en 2016, mais avec une intention assez claire pour les prochains mois : m’en séparer.

Cette intention allait de pair avec la création de ma société en SASU et l’abandon de ma micro-entreprise, ainsi que mon désir de m’entourer pour construire une équipe qui œuvre ensemble pour remplir la mission que je me suis donnée avec mon travail.

Aujourd’hui, je ne suis plus un solopreneur. Je suis le fondateur et dirigeant d’une petite entreprise qui s’appelle Kaleidoscope Horizons Inc.

Ça peut sembler banal, et clairement en écrivant ce paragraphe je me dis “Thomas, tu vas vraiment baragouiner sur ça pendant 10 000 mots ?”, mais ce passage est TOUT sauf un changement simpliste qu’on fait en un claquement de doigts.

Le changement nécessaire pour passer de “solopreneur” à CEO est enfait un basculement identitaire profond.

C’est une transformation qui en route depuis maintenant 1 année et demie pour moi, et qui m’a poussée loin dans mes retranchements, notamment jusqu’au fait de pleurer comme un enfant en regardant par la fenêtre d’un bus au fin fond de l’Ardèche. 

Dans cet article, je te raconte tout.

Quitter le mode solopreneur et fonder une équipe

Moi sur la terrasse de ma maison en Corrèze – photo par Amandine Kaara

Pourquoi faire grandir son équipe, et est-ce nécessaire ?

Une des plus grandes transformations identitaires que j’ai vécue dans ma posture d’entrepreneur cette année vient du recrutement et de la structuration d’une équipe autour de moi.

En une année je suis passé de “moi et Diane” (une freelance “bras-droit” qui m’aide sur un peu tout depuis 2 ans), à une équipe allant parfois jusqu’à 9 personnes avec des rôles définis, des rituels réguliers de réunions et un système de partage des responsabilités qui se construit petit à petit.

J’ai beaucoup de choses à raconter sur les implications de ce changement d’échelle, mais avant de te les partager j’aimerais m’attarder sur les raisons qui m’ont poussé à suivre cette voie.

Le milieu de l’accompagnement et du coaching entrepreneurial est sous l’emprise d’une doctrine de la croissance qui me débecte de plus en plus.

On nous incite constamment à la croissance, de plus en plus rapide, de nos entreprises et de notre chiffre d’affaires. 

Mais cette voie n’est ni une obligation, ni une nécessité, ni une solution à tous nos problèmes.

Une entreprise qui génère moins de 6 chiffres par an peut-être bien plus rentable et épanouissante et résiliente qu’une entreprise multimillionnaire.

La grande question, que je m’empresse de répéter et d’appuyer dans tous nos programmes et outils d’accompagnement c’est : “Qu’est-ce que tu veux ? Qu’est-ce que tu cherches ?”

  • Est-ce que tu veux optimiser ton entreprise pour être plus minimaliste et rentable ?
  • Est-ce que tu veux investir tes revenus dans des nouveaux projets pour kiffer ? 
  • Est-ce que tu veux (vraiment) t’entourer d’une équipe ?
  • Est-ce que tu veux “juste” une source de revenus pour financer ta vie et ton quotidien ?

Pour chacune de ces voies, il y a des avantages et des inconvénients.

La voie qui nous correspond le mieux, sera toujours celle où nous acceptons autant les inconvénients que les avantages. 

Ne t’embarque pas dans un chemin de développement qui ne te convient pas pleinement simplement parce que quelqu’un sur Instagram ou LinkedIn, ou pire encore ce ou cette “super coach hyper famous” t’y a invité.

J’aurais très bien pu choisir une autre voie de développement cette année. Mais j’ai choisi celle que je désire suivre, en connaissance de toutes les implications.

Quand on s’engage dans une voie avec une posture d’acceptation complète de son “couple” avantages/inconvénients, on accède bien plus facilement aux ressources nécessaires pour dépasser les challenges qui se dresseront sur la route.

Le fantasme (c’est-à-dire, le fait de ne voir QUE les avantages) peut être utile pour passer le premier pas, mais pour cultiver la résilience nécessaire pour durer dans le temps, nous devons embrasser les inconvénients autant que les avantages.

Sur ce sujet de la croissance et du développement, j’ai toujours eu cette image d’une grande équipe au service de la cause de mon entreprise. J’ai aussi conscience depuis longtemps qu’avoir une équipe ce n’est pas une balade de santé. 

Les bénéfices de la délégation n’apparaissent pas tout de suite, surtout quand on commence par travailler avec des profils plutôt junior dans leurs expertises.

C’est un chemin d’apprentissage profond et long-termiste, jonché de complexités, de risques, de défis, et de sorties de zone de confort.

Mais c’est un chemin que j’ai choisi, en connaissance de cause.

Ce choix s’est fait notamment au vu de l’envergure de la mission de ma boite, que je décris comme suit : 

“Nous voulons faire du statut d’indépendant un statut reconnu, respecté et valorisé en Francophonie. Pour cela, nous nous engageons à créer et médiatiser un maximum d’exemples de personnes épanouies (professionnellement et personnellement) dans leur vie d’indépendant-e.”

Thomas et les freelances du programme SURF

Moi et certain-es des membres du programme SURF – notre programme d’accompagnement – lors d’un de nos séminaires en Mai 2022

Pour accomplir cette mission, il y a du travail, et mes petites épaules d’humain ne suffiront pas à elles seules.

Ensemble, avec une équipe soudée, engagée et compétente, je suis certain que nous pouvons y arriver.

Voilà donc la première raison pour laquelle je me suis engagé dans la voie de la croissance de mon entreprise et mon équipe : l’ampleur de la mission que j’ai choisie (ou qui m’a choisie, en fonction de l’endroit depuis où on regarde).

Mais ce n’est pas le seul.

Je suis également très inspiré par le fait de créer un environnement de travail épanouissant pour moi et les personnes qui rejoignent l’entreprise.

Je vois dans l’agrandissement de mon équipe une opportunité de répandre toutes les pratiques de soin des relations humaines que j’ai apprises ces dernières années. 

Qu’on incarne ensemble un exemple d’un beau mariage entre travail et humanité, professionnalisme et vulnérabilité, performance et lâcher-prise. 

J’ai envie de créer un environnement de travail où nous faisons des choses très sérieuses sans nous prendre au sérieux.

J’ai la croyance qu’en créant cet espace de travail vraiment épanouissant, je permettrais ensuite aux personnes de mon équipe de répandre le message par ailleurs. Je travaille quasi exclusivement avec des freelances (beaucoup sont d’ancien-nes client-es et membres de nos programmes) et ces personnes emmènent nos bonnes pratiques dans les entreprises de leurs autres client-es.

Développer une équipe autour de moi et mon entreprise est également une manière pour lutter contre certains effets secondaires que je juge néfaste sur mon marché.

Comme le souligne régulièrement Simone Grace Seol, une mentor américaine pour coachs qui m’a beaucoup inspiré cette année, il y a beaucoup de comportements toxiques dans l’industrie du coaching business.

Elle en parle par exemple dans ce post instagram.

Simone Seol sur la toxicité du marché du coaching

Un post instagram de Simone Grace Seol sur la toxicité de beaucoup de « coachs »

Un de mes objectifs pour 2023, suite à la mise en place d’une équipe bien répartie autour de moi, est de m’éloigner au maximum du modèle du “coach starifié” pour aller vers quelque chose de plus “horizontal” si je puis me permettre l’usage de ce mot un peu trop usé par la start-up nation.

Ces dernières années, ma marque personnelle a été une de mes plus belles ressources. Mais pour la suite je désire davantage valoriser une équipe au service de notre cause que ma personne.

Thomas Burbidge n’est pas un génie ou une star, c’est simplement un être humain qui fait de son mieux pour ses client-es et son équipe, et partage les connaissances qu’il acquiert sur sa route.

Je considère que la puissance de ce qu’on offre au monde ne sera que plus grande grâce à l’intelligence collective d’une équipe soudée au service d’une cause commune : celles des indépendant-es. 

Dans cette conviction se trouve également un des grands défis de mon année 2022 : faire en sorte que je ne sois plus le “goulot d’étranglement” de l’entreprise, et lâcher prise sur le fait que je ne peux pas tout voir, tout valider, tout décider. On reviendra sur ça plus tard dans cet article.

Ici je parlais des raisons qui m’ont poussées à vouloir croître et construire une équipe, mais tout ce que j’ai déposé ici je l’ai surtout fait pour te questionner sur la vision que tu souhaites donner à TON entreprise en 2023. 

Est-ce que je vois une équipe autour de moi ? Ou alors je préfère rester 100% indépendant-e ? Est-ce que je souhaite “grossir” ? Ou stabiliser ? 

Pose-toi bien la question, et va regarder les inconvénients de ta vision pour voir si tu les acceptes pleinement.

Comment engager la transition de solopreneur à “CEO” ?

Maintenant que ce point sur la vision est posé, revenons en à ce que j’ai vécu cette année.

Ma transition pour quitter le modèle “solopreneur” a commencé en réalité en 2021, mais elle s’est largement concrétisée au cours de cette année 2022.

Comme pour toutes les choses que je souhaite approfondir dans ma vie et mon entreprise, mon travail de transformation commence souvent par mes lectures.

Il y a une phrase qui me vient en écrivant ces lignes qui parle de ça d’ailleurs :

“Nos lectures du jour influencent nos lectures de demain, qui influencent petit à petit notre réalité”.

À chaque fois que je cherche à apporter quelque chose de nouveau dans mon entreprise, je cherche des livres qui peuvent m’aider à déblayer le chemin.

En 2021, cette transition pour quitter le modèle “solo” à démarrée par la lecture du livre “Clockwork” de Michael Michalowicz.

Cette lecture m’a donné une sorte de chemin de fer à suivre pour faire les premiers pas du chemin de : seul vers équipe.

Et tout ça démarre par un exercice simple, puissant, mais (pour ma part en tout cas) vachement chi**t !!

L’importance de la gestion de notre ressource « temps »

Notre entreprise est un système.

Elle consomme des ressources (temps, énergie, argent, espace mental, …) pour produire des résultats (les résultats qu’on offre à nos client-es, notre rémunération, …).

Je dis souvent aux personnes qui suivent nos formations que notre ressource la plus précieuse parmi toutes, c’est notre temps.

C’est la seule ressource qui ne peut jamais être retrouvée une fois qu’on l’a dépensée.

Et c’est à cet endroit là que Michael propose de commencer dans son livre : une analyse complète de la consommation du temps par notre entreprise.

Pour cela, l’exercice est très simple : mesurer son temps consommé, à la minute près, dans son entreprise.

Les apprentissages que l’on tire de cet exercice sont très éclairants.

On se rend compte des tâches les plus chronophages et des choses que l’on répète souvent, qui étrangement sont souvent celles qui produisent le moins de valeur.

Ce n’est pas une pratique simple à faire, notamment parce qu’elle demande un niveau de rigueur que je n’avais pas réussi à tenir jusque là pour suivre mon temps.

Cette année j’ai du m’y reprendre à 3 fois pour vraiment faire cet exercice, et le moment où j’ai réussi à le tenir pendant la plus longue période (1 mois) a été seulement en septembre grâce au fait d’être suivi par une mentor qui ne m’a laissé aucun choix que de le faire de manière rigoureuse (elle me demandait des comptes régulièrement sur cet exercice).

Peut-être que pour toi, cet exercice sera plus simple, ou peut-être déjà mis en place dans tes routines et rituels d’entrepreneur-es.

En tout cas je t’encourage à le faire.

La manière la plus simple pour le réaliser est la suivante : 

  • Ouvre un tableur (google sheets, excel, airtable, …)
  • Crée une feuille par mois, avec 3 colonnes pour chaque journée
    • Nom de la tâche
    • Durée de la tâche
    • Catégorie de la tâche (ces catégories t’aideront à créer des rôles dans l’entreprise par la suite)
  • Au fil de tes journées, note chaque tâche que tu réalises et la durée associée. Pour que ce soit plus simple, tu peux mettre un réveil toutes les 30 minutes par exemple pour te rappeler de remplir le fichier.

Voici un aperçu de mon propre tableau, moche mais efficace, sur 3 journées un peu trop remplies :

La mesure de mon temps passé à travailler

Un aperçu de mon « plan de charge » où je mesure le temps passé à travailler sur chaque tâche

Il existe également des outils qui te permettent de faire cet exercice plus simplement, comme Toggl Track, Clockify ou RescueTime.

Tu verras que celà est surtout utile pour te fournir des données clés sur ton entreprise et la consommation de ta ressource “temps”.

Tu te rendras peut-être compte que, comme moi, tes journées sont souvent bien trop longues et remplies pour que tu puisses maintenant ce rythme sur le long-terme. 

Tu verras potentiellement aussi que tu sautes souvent d’une tâche à l’autre, en enchaînant les “petites” choses sans jamais te focaliser sur les gros sujets qui prennent du temps.

Mais ces prises de conscience n’arriveront jamais si tu ne prends pas le temps de regarder tes chiffres en détail et de les analyser après les avoir notées.

De mon côté, mes chiffres de suivi de mon temps racontaient une histoire limpide et inconfortable sur les endroits où je dépensais mon temps… 

Mais avant de t’en dire plus sur mon cas précis, voici la méthode proposée pour analyser tes propres chiffres sur cet exercice.

Identifier et définir le rôle de la Reine des Abeilles

Dans la continuité du livre, Michael propose ensuite une métaphore que j’ai trouvé plutôt parlante pour nos entreprises.

Imagine que ta boîte est un peu comme une ruche, pleine de vie et d’abeilles qui sont chacune clé au bon fonctionnement du système.

Dans une ruche, à ton avis, quel est LE rôle le plus important ?

Évidemment, c’est le rôle de l’abeille reine : pondre des œufs pour créer de nouvelles abeilles.

Il y a un effet assez mécanique dans le fonctionnement d’une ruche qui fait que plus les abeilles sont nombreuses, plus la ruche est résiliente et se développe bien.

Toutes les abeilles de la ruche savent donc que leur première priorité se trouve dans le fait de favoriser la naissance de nouvelles abeilles, et elles se concentrent ensemble sur les conditions idéales pour cela. 

Soit : nourrir, protéger, et prendre soin de la reine.

Et c’est seulement une fois que la reine est dans les meilleures conditions pour “créer” que les abeilles s’attellent à leurs autres tâches.

Chaque abeille à donc 2 responsabilités : 

  1. Protéger le “rôle de la Reine” (ou la “Tâche Reine”)
  2. Faire son autre travail
La métaphore de la tâche reine

La métaphore de la « tâche reine » de ton entreprise à protéger à tout prix

Michael propose d’appliquer cette réflexion à nos entreprises avec une question centrale.

Quel est le “rôle de la reine” de ta boîte ?

Pour être plus précis, ce rôle (ou cet ensemble de tâches), c’est la partie de ton entreprise qui déclenche TOUTE la création de valeur par la suite. 

La première impulsion pour que la boule de neige dévale la montagne.

C’est l’endroit où tu te dis : “Si je me concentre sur ça, mécaniquement toute mon entreprise progresse dans la bonne direction”.

Dans mon cas par exemple, j’ai identifié que le rôle de l’abeille reine c’est : l’animation (et donc aussi la création) de mes “expériences pédagogiques”.

Plus je fais vivre des expériences d’apprentissage aux indépendant-es, plus mon entreprise progresse.

C’est le cas pour pleins de raisons : 

  • à chaque expérience les participant-es en parlent autour d’elles, veulent aller plus loin, s’inscrivent à nos formations et programmes, etc…

     

  • petit à petit les expériences que je créé et anime me permettent de développer une bibliothèque de contenus pédagogiques sur tous les aspects de l’aventure freelance, que je peux réutiliser dans mes coachings, accompagnements et partenariats

     

  • chaque fois que j’anime, ça me donne une énergie de fou pour diffuser davantage encore ce qu’on offre à nos client-es et toucher de nouvelles personnes, c’est souvent là que je fais mon meilleur marketing

     

La grande majorité des “bonnes” choses qui se passent pour moi et l’entreprise naissent pendant les expériences qu’on propose, ou juste après grâce à l’énergie collective et individuelle qui est créée.

Et je sais que plus je suis libre pour me concentrer sur ce rôle, et les tâches qui y sont reliées, plus l’entreprise va se développer.

Pour chaque entreprise, le rôle de l’abeille reine sera différent. Car chaque entreprise est unique et différente. 

Voici quelques exemples d’autres personnes que tu connais peut-être, avec mon humble analyse du “Rôle de la Reine” dans leurs boites :

Valentin Decker et l’obsession de l’écriture

Valentin Decker est copywriter de profession, et tous ses projets tournent autour de l’écriture. Il écrit pour des client-es, forme des personnes à écrire du meilleur contenu, trouve des opportunités de mission d’écriture, … Tout ce qu’il fait repose sur une brique de compétence centrale : écrire.

Je pense que tu devines assez facilement le rôle de la reine pour Valentin non ? 

Évidemment, c’est l’écriture.

Si Valentin consacre son temps et son énergie à écrire, alors son entreprise va grandir. 

Ça peut-être écrire de nouveaux contenus (comme son récent article fascinant sur le japon), ses réflexions personnelles sur sa vie et son entreprise, ou alors s’expérimenter à de nouveaux styles d’écriture pour étoffer ses gammes.

Tant qu’il conserve une routine d’écriture pour lui ou au sein de son entreprise, Valentin ira dans la bonne direction.

Valentin Decker et l'écriture

Valentin Decker, le fondateur de Sauce Writing (école d’écriture)

Samuel Durand et son documentaire Work in Progress

Samuel Durand sur scène à Paris lors de l’avant première du documentaire Work In Progress #2

Samuel Durand et la production documentaire

Samuel Durand est conférencier sur les thématiques du futur du travail. Il se rémunère lui et son entreprise grâce à ses prises de parole en conférence, notamment pour des entreprises.

Mais si tu connais Samuel, tu le connais certainement pour autre chose que ses conférences.

Depuis quelques années maintenant, Samuel est devenu auteur/producteur d’une série de documentaires du nom de “Work in Progress”.

Chaque volet de cette série se penche sur un aspect différent du “Futur du Travail” qu’il explore au travers de rencontres avec des personnes du monde entier.

À chaque documentaire, il accumule de nouvelles rencontres, de nouveaux apprentissages, des exemples de bonnes pratiques, des références théoriques de ses recherches, … 

Qu’il peut ensuite réutiliser fois et fois encore dans ses conférences (qui sont ses produits).

À ton avis, quel est le “Rôle de la Reine” dans l’entreprise de Samuel ?

Eh oui, c’est le rôle de Producteur Documentaire.

Si Samuel concentre une grande partie de son temps chaque année à produire de nouveaux contenus à très haute valeur ajoutée comme ses documentaires, il est quasiment certain qu’il va décrocher des contrats, améliorer sa valeur perçue et sa crédibilité sur sa thématique, développer son réseau, etc… 

La boule de neige se met en route.

Ce que j’aime bien, c’est que dans cet exemple le “Rôle de la Reine” n’est pas directement lié aux produits que Samuel vend. C’est plutôt un rôle qu’on pourrait qualifier de “marketing”.

Et toi alors ? Est-ce que ta “Queen Bee Rôle” commence à se révéler ? 

C’est une fois qu’on a conscience de ce rôle clé de notre entreprise que les chiffres de notre analyse du temps deviennent le plus utile, et où ma propre prise de conscience devient… frustrante.

Devenir le « designer » de son entreprise et prendre de la hauteur

Comme je le disais au dessus, la priorité que j’ai identifiée dans mon entreprise était évidente pour moi : la pédagogie.

Si je passais le clair de mon temps à créer de nouvelles expériences pédagogiques, et les animer, alors tout irait dans le bon sens.

Cette prise de conscience m’excitait beaucoup. 

Je me suis vu passer mon temps avec le nez dans mes livres, mes formations, à croiser des disciplines qui à première vue n’ont rien à faire ensemble pour imaginer de nouveaux concepts à transmettre à mes client-es.

Mais quand j’ai regardé l’analyse que j’avais faite de la réalité du temps consommé par mon entreprise, cette image merveilleuse de mon esprit s’est rapidement décomposée…

En un mois, j’avais passé seulement 7% de mon temps sur la pédagogie.

Quand j’ai vu ce chiffre s’afficher dans mon document Excel, je suis resté scotché devant l’écran pendant une dizaine de minutes, hébété. 

Comment c’est possible d’être si loin de la chose qu’on SAIT être notre priorité ?

J’ai refait mes calculs pour voir si je ne m’étais pas trompé.

J’ai repris toutes les tâches que j’avais listées dans mon document pour voir si les étiquettes étaient bien correctes.

Et…

Toujours 7%.

C’est là où l’exercice de l’analyse de son temps fait mal.

Mais c’est un inconfort tellement important.

Quand on a les faits, posés là devant nous, et qu’on sait que c’est la réalité, on ne peut pas faire autrement que d’y faire face. 

Et décider que c’est le moment pour que ça change.

Cette réalisation, à elle seule, est certainement la chose qui m’a le plus donnée l’envie et l’élan de me mettre à ENFIN structurer une équipe autour de moi.

Je voulais me concentrer sur le rôle le plus important de mon entreprise. 

Mais la machinerie interne de ma boite, que j’ai moi-même créé, m’en éloignait.

Grâce au livre “Clockwork”, je me suis alors posé 3 questions : 

  • Qu’est-ce qui m’éloigne de mes priorités ? (mon tableau d’analyse de mon temps passé a été incroyable pour m’aider à identifier les réponses)
  • Parmi ces choses, qu’est-ce qui m’éloigne le plus et qui crée le moins de valeur pour l’entreprise et nos client-es ?
  • Comment je fais pour réduire, éliminer, ou déléguer ces tâches et ces rôles ?

Mes réponses à ces 3 questions, ont constitué la base nécessaire pour créer mes premières fiches de poste et structurer les rôles qui m’aideraient à être concentré sur l’essentiel.

Je ne voulais plus être un bourdon solitaire, il fallait construire une ruche.

Il était temps de recruter.

Imaginer, recruter, et structurer une équipe autour de soi

Jusqu’à cette année, je n’avais jamais vraiment eu la nécessité de “chercher” une personne à recruter pour remplir un rôle. 

Ma seule expérience du fait d’avoir quelqu’un dans mon “équipe”, c’était ma collaboration avec Diane Ataya, qui est venue faire un stage avec moi et l’écosystème de freelances dont je faisais partie à Paris quand je menais encore mes missions de branding.

(si tu veux comprendre mon parcours et pourquoi j’ai arrêté mes missions freelance en branding, tu peux lire cet article)

Diane était alors lectrice de ma newsletter, et en répondant à une édition dans laquelle je parlais de l’éducation et d’un projet de création d’école, on a commencé à discuter.

A l’issue de son stage, elle a décidé de se lancer en freelance, et on travaille ensemble depuis ce jour.

Le rôle de Diane a énormément évolué depuis qu’on travaille ensemble, à chaque fois pour embrasser les besoins les plus pressants de l’entreprise et les endroits où j’avais le plus besoin de soutien.

Avant cette année, je n’avais donc jamais vraiment créé un “poste” de toutes pièces.

Alors naturellement, j’ai un peu tâtonné pour identifier les rôles à prioriser, et fait quelques erreurs de gestion.

Voici quelques points que je retiens de ces essais et erreurs : 

Piste n° 1 : Recruter pour éliminer

En répondant à la question que je t’ai partagé plus haut – “Qu’est-ce qui m’éloigne de mes priorités ?” – j’ai identifié les parties de mon entreprise qui consommaient le plus de mon temps.

  1. Les rôles de marketing et vente arrivent en pôle position
  2. Suivi par le pilotage quotidien des projets
  3. La gestion administrative et financière (factures, compta, toussa)
  4. Les e-mails (je suis toujours en retard.. je fuis ma boîte mail)

Cette liste m’a donné les premières pistes pour réfléchir à des rôles, avec une question qui m’est apparue à cette époque en tête : 

“De quelles tâches et responsabilités est-ce que je veux me débarrasser ?”

Recruter pour éliminer

La première fiche de rôle est arrivée très rapidement après ça : un rôle de gestion administrative et financière.

Je rêvais de ne plus jamais avoir à mettre le nez dans les papiers, les déclarations de TVA, les notes de frais, … et donc même si ce n’était pas l’endroit où je dépensais le plus de temps, c’était clairement l’endroit où je dépensais le plus de joie de vivre.

Je profite de cet instant pour remercier, sincèrement, du fond du cœur, toutes les personnes pour qui c’est joyeux et intéressant de gérer la dimension administrative d’une entreprise.

Vous êtes des personnes absolument fabuleuses et indispensables au bien-être de l’espèce humaine (en tout cas des entrepreneur-es).

Big up donc à Stéphanie, qui depuis ce moment s’occupe de rendre ma vie un peu meilleure tous les jours.

Bon.. revenons aux autres rôles de l’équipe.

Les deux autres rôles qui ont suivi étaient eux aussi des rôles “d’élimination” de tâches que je ne voulais plus avoir à prendre en charge.

Le rôle de Diane a évolué à ce moment-là, vers un rôle de gestion des opérations. Et nous avons également accueilli Raphaël pour un stage de montage vidéo pour me soulager sur cette partie là du cycle de création de contenu.

Globalement, je note que la plupart des indépendant-es prennent cette approche quand il s’agit de déléguer pour la première fois : 

  • J’identifie les tâches et les rôles que je n’aime pas, où qui m’éloignent de ma “zone de génie”

     

  • Je crée des rôles pour gérer ces tâches et trouve les personnes pour le faire.

Dans mon cas, j’avais décidé d’évacuer de mon horizon toutes les tâches qui n’étaient pas reliées au marketing ou à la délivrabilité de ce qui a été vendu à nos client-es.

En faisant ça, j’ai l’impression d’être assez en accord avec l’approche de la plupart des indépendant-es qui commencent à recruter. 

Les solopreneur-es sont très souvent des experts de leur domaine, qui aiment être les “technicien-nes” qui délivrent leur compétence et/ou qui la vendent (parce que qui mieux pour se vendre soi, que soi-même ?)

Mais je me suis rapidement rendu compte que cette approche comporte pleins de potentiels problèmes, et qu’on peut très facilement tomber dans un cercle vicieux qui nous ramène tout droit au point de départ.

Comment mal déléguer, et le piège du cycle donner-reprendre

Comme je le disais au dessus, notre premier réflexe pour déléguer est souvent celui de prendre toutes les tâches qui nous éloignent de nos priorités, ou qui nous emmerdent, ou qui ne sont pas dans notre “zone de génie” et de les donner à d’autres personnes.

Mais si tu es comme moi, cela fait des années que tu fais ces tâches seul, et donc forcément tu as des préférences, des automatismes voir même des facilités pour les faire.

Alors la première fois qu’on délègue quelque chose, on est souvent frustré parce que l’autre personne prend plus de temps, et qu’en plus on doit faire plein de retours.

Je crois que c’est notamment vrai quand on choisit de travailler avec une personne plus “junior” que nous (j’observe une grande tendance à faire ça dans les premiers recrutements quand on est indé, sûrement par peur du premier investissement financier aussi coûteux dans du “personnel”).

Nous baignons dans notre propre réalité, et c’est facile d’oublier que pour la personne à qui on délègue la courbe d’apprentissage n’est pas la même. 

La courbe d'apprentissage de la délégation

Il ne faut pas oublier que souvent nos premiers recrutements sont moins avancés sur la courbe d’apprentissage

Cette période est souvent frustrante et financièrement peu avantageuse, mais elle existe.

De l’autre côté se trouvent tous les avantages du travail à plusieurs. Mais il faut réussir à dépasser ce gap.

Si on ne fait pas attention, on peut facilement tomber dans un cycle vicieux qui ressemble à quelque chose du genre : 

  1. On atteint le plafond de verre de notre temps disponible
  2. On décide de déléguer : on donne des tâches à faire et on explique comment faire
  3. On est frustré du fait qu’il faut faire plein de retours, que ça prends plus de temps et que c’est moins bien fait que quand on le fait nous même
  4. On pête un cable et on reprends la main sur tout
  5. Puis on atteint de nouveau le plafond de temps disponible
  6. Et on recommence..

Si on tombe dans ce cercle vicieux, tout ce qu’on fait c’est perdre des ressources et petit à petit se convaincre qu’on doit obligatoirement rester seul à bord du navire.

“Mais comment faire autrement ?”

La première chose à avoir en tête, c’est que quand on décide de déléguer et travailler avec quelqu’un d’autre, les mêmes règles que celles qui sont vrais pour nos client-es s’appliquent à nous même.

On ne peut pas avoir une personne incroyablement talentueuse (qualité), qui fait les choses rapidement (temps) pour un tarif ridiculement bas (prix).

Si on veut quelqu’un d’expert, qui va tout faire à notre place, sans jamais qu’on ait besoin de lever le petit doigt, il n’y a que deux manières d’y arriver : 

  • Payer le prix tout de suite (et encore, aucune entreprise ne se ressemble, donc il y aura là aussi une courbe d’apprentissage)

  • Passer le temps nécessaire pour aider l’autre à monter en compétences et bien structurer les choses

En mettant un pied sur ce chemin, je me suis très rapidement rendu compte à quel point la structuration interne de ma boîte allait être un enjeu primordial pour bien vivre cette aventure du recrutement et de la vie d’équipe.

Mais clairement, celà n’a pas été facile.

Quand tous nos réflexes sont câblés sur le fait de faire “vite-fait” la chose en question parce qu’on sait faire et que c’est plus simple, ce n’est pas facile de prendre le temps d’expliquer à la place.

Quand toutes les informations sont directement accessibles dans notre cerveau, ce n’est pas facile de prendre le temps de les noter quelque part.

Ce n’est pas facile, mais je crois clairement que c’est indispensable.

À moins de vouloir devenir une entreprise mastodonte avec des dizaines de niveaux de hiérarchie où l’information se perd et où on doit répéter 50 fois les mêmes choses dans 30 boucles d’e-mails différentes.

Si on ne structure pas la machinerie interne de l’entreprise, tout le temps qu’on pensait gagner en déléguant les tâches qu’on ne veut plus, en réalité on le décale simplement dans deux nouvelles choses : 

  • Décider à la place de l’autre ce qu’il faut faire ou ne pas faire

  • Donner des retours, expliquer et micro-manager les gens

Et je ne crois pas que ce soit pour faire ces deux choses que tu as voulu déléguer au départ.

“Mais Thomas, qu’est-ce que tu entends par la structuration interne de ta boite ?”

Dans mes différents travaux de structuration, s’il y a bien une chose qui a radicalement amélioré mon expérience du fait de travailler en équipe, c’est notre base de données de nos processus de travail. 

Notre base de données de process

Un aperçu de notre base de données de process

L’idée de cette base de données est simple.

À chaque fois que quelqu’un fait quelque chose pour l’entreprise, on filme notre écran et on explique ce qu’on fait.

Chacune de ces vidéos devient alors une fiche dans laquelle on détaille les étapes par lesquelles on est passé à l’écrit.

Au début, on a l’impression de faire face à une montagne pour tout documenter, et puis petit à petit la magie opère et les fiches process s’accumulent.

Et on se retrouve bientôt avec une mine d’or pour déléguer simplement, efficacement, et sans trop de prise de tête, la majorité des tâches de son entreprise.

Bon, en voyant ça j’imagine qu’on peut avoir envie de TOUT faire d’un coup, mais je t’assure que c’est bien plus fluide de le faire petit à petit PENDANT que tu fais réellement les tâches.

Une fois que la fiche process est créée, la personne qui exécute cette tâche à la responsabilité de mettre à jour la fiche si jamais elle améliore ou fait évoluer sa méthode de travail.

Je pense que rien que cette base de données m’a économisé des journées entières de visio où j’aurais passé mon temps à expliquer comment faire telle ou telle chose en partageant mon écran. 

Cette pratique est vraiment un “game-changer” (comme le disent les américains) pour n’importe quelle personne qui veut améliorer l’efficacité du travail en équipe.

Mais malheureusement, ce n’est pas une formule magique.

Tu ne te retrouveras pas dans le fantasme de la semaine de 4 heures grâce à un tableau et deux-trois recrutements (quoi que.. qui sait!).

Il y a un temps incompressible nécessaire à la bonne gestion d’une équipe pour sa boîte. 

Mais avant de te parler de ça et du PFH (tu verras ce qu’est le PFH dans 2 sections de cet article), je veux te parler d’une autre approche de la délégation.

Celle que j’aurais dû suivre, dès le début…

Recruter pour croitre

Piste n° 2 : Recruter pour croître

Plus tôt dans ce chapitre de l’article, on a parlé d’une approche du recrutement qu’on pourrait qualifier de : “éliminer les tâches qui me font ch*** et me concentrer sur ma zone de génie”.

Et on a également vu que souvent, cette approche mène les indépendant-es comme moi à déléguer tout ce qui n’est pas l’opérationnel client et/ou le marketing et de conserver sous sa responsabilité ces deux rôles clés de l’entreprise.

Mais ce faisant, on se construit sans le savoir un nouveau goulot d’étranglement, encore plus dur à dépasser que le premier.

(Si jamais tu as oublié, le premier goulot d’étranglement c’était toi, seul-e, avec ton temps limité).

Laisse moi illustrer ce à quoi ressemble cette nouvelle voie sans issue : 

  1. Tu délègues à ton équipe les tâches qui ne te plaisent pas, et tu gardes les rôles “client” et “marketing/vente”

     

  2. Tu dois dédier du nouveau temps dans ton planning à la gestion de l’équipe, malgré les super systèmes internes que tu mets en place (#process)

     

  3. Tu as un peu plus de temps pour vendre et suivre tes client-es, mais ce n’est pas non plus extensible

  4. Tu te retrouves vite à devoir supporter à toi seul les rentrées d’argent nécessaires pour te payer toi ET ton équipe

     

  5. Et là, c’est le drame. Tu n’as pas le temps de vendre plus, ni les finances pour déléguer plus, et tu es la seule personne qui génère du chiffre d’affaires dans l’équipe.

Dans cette situation, ce qui peut devenir la malheureuse nécessité pour avancer, c’est de se séparer de quelqu’un, et ce n’est jamais une chose facile.

Pour l’instant j’ai la chance de ne pas avoir eu à le faire, mais je me raconte que ça arrivera forcément à un moment donné de mon aventure.

Mais quand je dis “la chance”, je choisis spécifiquement mes mots.

Parce que jusqu’à maintenant, j’ai tout fait pour courir le risque que ça arrive..

Je m’explique.

Il y a deux types de rôles dans une entreprise.

  • Les rôles qui génèrent des revenus (qu’on peut appeler “centres de revenu”)

     

  • Les rôles qui nécessitent des dépenses (qu’on peut appeler “centres de coût”).

On pourrait argumenter qu’une personne qui gère ton administratif t’aide quelque part à gagner du temps, donc des revenus. 

Mais pour simplifier la réflexion, on va dire que le rôle “Gestion administrative” est un centre de coût parce qu’il ne génère pas directement du chiffre d’affaires.

Ce qui s’est passé pour moi, et ce qui se passe pour la majorité des indépendant-es qui commencent à déléguer et recruter, c’est que les premiers rôles à qui on délègue sont des centres de coûts. 

Comme je l’écrivais plus haut, on a cette tendance à déléguer tout ce qui nous fait chi*** et à conserver l’œuvre centrale de “l’artisan” ou “technicien” qu’on aime être : faire le travail avec nos client-es, et donc trouver les nouvelles client-es.

Pendant toute l’année 2022, c’est exactement la stratégie que j’ai mise en place.

J’ai recruté des rôles pour me débarrasser de ce que je n’aimais pas, mais rôle après rôle j’ai créé de nouveaux centres de coûts. 

Pendant ce temps, la création de revenus dépendait encore dans l’immense majorité de moi.

Résultat des courses ? 

J’ai augmenté mes dépenses et mes investissements bien plus rapidement que mon chiffre d’affaires, et mon stress s’est développé à la même vitesse. 

D’ailleurs, je crois que je ne me suis jamais senti aussi stressé de ma vie que ces trois derniers mois, alors que mon chiffre d’affaires n’a jamais été aussi élevé.

Je n’avais pas pris conscience que j’étais en train de m’enfermer petit à petit dans un problème complexe jusqu’à une des séances du Mastermind auquel j’ai participé en fin d’année.

Un Mastermind, pour ceux et celles qui ne le savent pas, c’est un accompagnement en groupe pour entrepreneurs avancés qui se focalise sur la puissance collective du groupe pour aider chacun-e à progresser. J’ai participé en tant que membre au Mastermind de 4 mois de LiveMentor entouré de 40 autres entrepreneur-es fascinants.

Pendant un des cours thématiques du Mastermind avec Andrea Bensaid, le fondateur de l’agence SEO Eskimoz, j’ai posé la question suivante : 

“Dans ton expérience Andrea, est-ce qu’il existe un bon “ordre” pour recruter les rôles de l’équipe que tu envisages pour ta boite ?”

C’est là qu’il m’a parlé de cette nuance des centres de coûts et des centres de revenus.

Andréa avait commencé par recruter sur deux rôles clés pour développer son entreprise : 

  • Des nouveaux consultants SEO, capables de délivrer le travail pour les client-es et donc de gérer plus de clients qu’avant

     

  • Des rôles marketing et vente, capables de faire rentrer de nouveaux projets et signer de nouvelles missions clients

Ainsi, à chaque recrutement, l’entreprise d’Andréa gagnait en capacité de génération de chiffre d’affaires, et en optimisant les marges il avait de plus en plus de moyens pour ensuite investir sur …

Les centres de coûts.

À court-terme, il a gardé toute la gestion de l’entreprise pour lui, car il savait comment faire tourner sa propre entreprise. 

Pour ensuite s’en libérer à long-terme, une fois qu’il avait atteint une taille critique avec davantage de moyens financiers qui lui permettent de le faire.

Cet échange avec Andréa a mis une vraie claque à ma stratégie de recrutement.

J’ai dû rabattre les cartes, et changer mon fusil d’épaule. Enfin, disons plutôt que je suis en train de rattraper le coup petit à petit depuis.

Mais à cet endroit de l’article je me dois de te mettre en garde.

Cette approche de recruter en priorité des centres de revenus n’est pas pour tout le monde.

Pour choisir entre les deux approches présentées dans cet article, la question de la vision pour ton entreprise est PRIMORDIALE.

Si tu souhaites te développer et avoir une grande équipe, ça me semble être l’approche la plus pertinente.

D’ailleurs la majorité des startups et scale-up qui veulent grossir vite commencent systématiquement par recruter leur équipe commerciale.

Mais si ce n’est pas ton souhait, et que tu préfères créer ce que Paul Jarvis appelle une “Company of One”, alors dans ce cas il n’y aucun problème à recruter en premier des rôles “support” pour que tu puisses te concentrer sur l’essentiel. 

Dans ce cas, mesure bien tes marges, ne va pas trop vite, et prends le temps de bien structurer les choses pour ne pas te retrouver coincé-es comme moi dans le piège des dépenses qui montent plus vite que tes rentrées d’argent.

(oui oui tu as bien lu, on va parler argent un peu plus loin, mais cette année j’ai parfois dépensé plus que ce que je gagnais…)

Si tu ne sais pas exactement dans quelle voie tu te situes, relis mon premier chapitre sur la vision, ou écris-moi pour que je puisse t’aiguiller sur la question.

Même si ces deux approches sont différentes à bien des égards, il y a une chose qui est toujours présente à chaque fois que l’on recrute pour son équipe. 

Le fameux PHF (aaaaah, tu l’attendais n’est-ce pas ?)

Comment mieux travailler avec des êtres humains

Qu’est-ce que c’est donc le PFH ?

C’est un acronyme changeant. 

C’est à dire qu’en fonction des situations, il peut signifier deux choses différentes : 

  • Le Parfait Facteur Humain : c’est le moment où la magie des relations humains s’opère et travailler en équipe révèle le meilleur de chacun-e de nous

     

  • Le PUTAIN de Facteur Humain : c’est le moment où l’imperfection humaine nous rattrape nécessairement, et… c’est dur !
Le PFH (facteur humain)

Dans l’aventure du travail à plusieurs, nous allons tous et toutes vivre les deux. 

C’est un fantasme de se raconter qu’on va réussir à créer la formule magique et parfaite de management qui nous permettra de ne jamais avoir de conflits, de problèmes de communication et de crises internes.

Ça n’existe pas, justement parce que : le PFH.

N’oublions pas que nous sommes des êtres humains, que nous avons pleins d’émotions, chacun et chacune un passé plus ou moins tumultueux et rempli de blessures et de traumas, que notre cerveau est soumis à des centaines et des centaines de biais cognitifs qui influencent notre interprétation des choses, et que nous vivons des vies complexes et bien remplies.

Les facteurs de complexité sont si grands, que forcément à certains moments, ça va craquer.

L’enjeu n’est donc pas d’éviter à tout prix les problèmes, mais au contraire de s’y préparer en avance pour les accueillir de la plus belle des façons.

Si on ne prend pas soin du PFH, peu importe la beauté de nos systèmes, de nos process et de notre structure interne, un jour, tout peut péter.

En ce sens, il y a des compétences clés à développer avec son équipe qui me semblent indispensables, et que j’ai cherché à mettre au cœur de nos routines et pratiques au sein de ma boîte. 

Ces compétences sont en réalité des compétences relationnelles qui peuvent s’appliquer partout dans nos vies, et qui sont trop souvent mises de côté dans le monde professionnel.

Je peux citer ici par exemple le rituel de la “météo émotionnelle” que nous faisons au début de chaque réunion et interaction avec mon équipe. 

Le principe est simple : chacun-e prend la parole à tour de rôle, sans ordre prédéfini, pour s’exprimer sur comment il ou elle se sent à cet instant. Les autres se taisent, écoutent, et accueillent ce que la personne partage.

Évidemment, les premières fois que l’on fait l’exercice, les partages restent concis, à l’image des réponses peu profondes et incomplètes qu’on donne d’ailleurs dans le reste de nos vies face à la question “Ça va ?”.

J’imagine que ça t’arrive toi aussi régulièrement de répondre “Ouais, ça va” alors qu’en réalité tu souffres de plein de choses en ce moment, mais tu n’oses pas les partager. 

En même temps, cette question “ça va” est tellement souvent posée par automatisme plutôt que par réel intérêt pour l’état émotionnel de l’autre, que ce n’est pas surprenant qu’on botte en touche.

Mais quand on offre vraiment un espace d’écoute, d’accueil et de vraie prise en compte de comment quelqu’un va VRAIMENT, alors petit à petit les langues se délient.

Et cette simple routine de début de réunion, et les partages de plus en plus vulnérables qui peuvent s’y faire avec le temps (surtout quand TU, le fondateur ou la fondatrice, montre l’exemple), crée une des ressources les plus précieuses qui soit pour une équipe soudée, durable, et donc performante.

Cette ressource, c’est la sécurité émotionnelle.

Quand on se sent en sécurité avec les autres humains autour de soi, SURTOUT dans le travail, c’est là que la magie opère.

Tout devient plus fluide. 

On partage plus, les informations circulent mieux, on ose prendre la parole pour exprimer les choses, et globalement on progresse plus rapidement, et avec plus de satisfaction et de joie, vers les objectifs communs qu’on se fixe.

Ces espaces pour se déposer en toute vulnérabilité, et être ouvert à ce qui se passe dans la vie de chacun-e des membres de l’équipe (pas que la vie pro) sont indispensables à mon sens pour que le développement d’une entreprise se passe pour le mieux.

Oui, nous avons des objectifs à atteindre pour l’entreprise. Mais nous sommes surtout ici ensemble pour que chacun et chacune s’épanouisse dans tous les aspects de leur vie. Pas que le professionnel.

Pour nuancer donc les propos des derniers chapitres : 

Oui le rôle d’une personne dans l’entreprise peut représenter un “centre de coût” qui n’est plus viable pour la pérennité économique de la boîte.

Mais cette personne est un être humain, avec tout ce que ça représente, et il est indispensable de prendre soin de ça.

Sinon, on n’ira pas bien loin.

La réalité financière de la structuration d’une équipe

Un matelas de trésorerie solide pour investir et expérimenter

Dans les quelques milliers de mots que j’ai écris pour l’instant dans cet article, je t’ai partagé beaucoup de choses que j’ai apprises et explorées sur cette transition du modèle “solopreneur” au modèle “entrepreneur” avec une équipe.

Mais je ne pourrais pas me dire que cet article serait complet sans te parler de ce qui a permis toute cette exploration pendant un an.

Bien entendu nous allons ici parler de l’argent et de la gestion financière.

Parce que oui, l’argent, c’est l’oxygène d’une entreprise.

Et je me suis notamment rendu compte cette année de l’importance d’un indicateur qui n’avait pas été aussi crucial pendant mes 5 à 6 années de freelancing : la trésorerie.

Ce qui m’a permis d’autant explorer et apprendre cette année autour de la création et la gestion d’une équipe, c’est clairement la trésorerie que j’avais à ma disposition.

Dès le 1er trimestre de l’année 2022, j’ai réussi à signer le plus gros contrat de l’histoire de mon entreprise. Un partenariat à 35 000€ HT.

Je ne le savais pas à l’époque, mais c’est ce partenariat qui allait m’offrir la trésorerie nécessaire pour l’année entière pour investir dans l’équipe, se planter, ne pas être rentable pendant plusieurs mois, puis rebondir, …

Sans cette base de trésorerie conséquente dès le début de l’année, mon année 2022 aurait été largement différente.

“La trésorerie disponible”, c’est une notion clé de la gestion financière que j’aurais aimé intégrer plus tôt dans mes pratiques de gestion.

Pendant très longtemps, mon réflexe de gestion financière se tenait à deux étapes : 

  1. Regarder le solde de mon compte bancaire pro
  2. Prendre une décision

Je sais que je suis loin d’être seul à avoir fait, ou encore faire, exactement comme ça.

Mais c’est hyper important de différencier le solde de son compte en banque, de tes fonds disponibles pour investir, recruter, ou s’offrir un nouveau MacBook Pro reconditionné (parce que le neuf, c’est so 2000 et pas écoresponsable).

Je disais au dessus que c’est ma trésorerie disponible de 35 000€ qui m’a permis d’investir, mais en réalité cette année j’ai BEAUCOUP plus investi que ça dans mon équipe et mon entreprise, notamment sur le deuxième semestre.

Les dépenses de mon entreprise en 2022

Les dépenses mensuelles réelles et prévisionnelles de mon entreprise en 2022

On le voit dans ce tableau, certains mois j’ai dépensé plus de 10 000€ dans nos projets, la grande majorité étant dans les prestataires de mon équipe.

D’ailleurs cette année j’ai fait à plusieurs reprises des mois déficitaires. 

C’est à dire que mes revenus étaient inférieurs à mes dépenses.

Et pourtant, j’ai pu continuer de payer mes équipes, maintenir la dynamique d’investissement et de croissance, et garder le cap stratégique que je m’étais fixé.

Tout ça possible grâce à notre trésorerie.

Deux choses que je retiens de cette année donc pour la suite de l’aventure : 

  • Avoir une belle somme de côté en trésorerie pour pouvoir prévoir les investissements dans son équipe aide énormément pour lisser les éventuelles erreurs de parcours dans les performances de vente.

  • Plus tôt on est payé, mieux c’est. Plus on peut étaler ses propres dépenses, mieux c’est aussi. C’est le fameux BFR (Besoin en Fonds de Roulement) que j’avais appris pendant mon DUT Gestion.. (ouf, c’était il y a longtemps quand même !)

Je sais pas si tu as remarqué, mais plus haut j’ai bien dit que certains mois j’avais dépensé plus de 10 000€ (le record étant clairement le mois de Décembre avec 17 200€ de dépenses !).

Ça te fait réagir hein ? Comment on peut dépenser autant ?

Eh bien moi aussi ça me fait réagir, et beaucoup plus que tu ne le penses.

Le manque de repères face au changement d’échelle

Nous sommes le samedi 5 Novembre, et je marche dans la rue à Boulogne Billancourt, près de Paris.

Je me dirige vers un cabinet d’ostéopathe, pour la deuxième fois seulement de ma vie, mais aussi la deuxième fois en… 2 mois.

Cela fait trois jours que je subis des migraines à répétition, et que j’ai le dos complètement bloqué.

J’arrive à peine à me mettre devant l’ordinateur pour travailler, et quand j’y arrive mon niveau de productivité est clairement à -8000.

Qu’est-ce qui m’est arrivé ?

Je subis les effets inattendus du stress d’avoir…. dépensé beaucoup d’argent.

Passer un cap dans mon projet et mon entreprise en m’entourant d’une équipe a eu énormément d’effets bénéfiques pour moi, mais cela s’accompagne évidemment d’une nouvelle réalité de dépenses que je n’avais jamais connue auparavant.

Et ce nouveau niveau de dépenses mensuelles m’a tout simplement fait vriller.

C’est simple, mon système nerveux tout entier à pété un câble. Et c’est pas étonnant, car je n’avais plus aucun repère pour m’orienter dans cette nouvelle situation.

Dans les derniers mois, j’avais enchaîné les premières fois : 

  • Un contrat signé et encaissé à 35 000€ HT

     

  • Le compte bancaire de l’entreprise qui affichait du coup +50 000€ (incluant évidemment ce que je devrais à l’état en fin de mois pour la TVA etc..)

     

  • 9 personnes qui travaillent avec et pour l’entreprise en simultané

     

  • Des chiffres d’affaires mensuels qui dépassent systématiquement les 10 000€

     

  • Des dépenses mensuelles qui dépassent aussi systématiquement les 10 000€

C’était trop de nouveauté, trop d’incertitudes, trop vite. 

Et ma capacité à encaisser avait atteint sa limite.

Je me suis vu rongé par un stress que je pensais ne pas pouvoir subir. 

Parce que “moi je ne suis pas quelqu’un de stressé”.

C’est quelque chose dont j’ai toujours été un peu fier d’ailleurs, mon “équanimité”.

Marie Laanatza, mon associée dans le programme SURF (notre programme d’accompagnement et de coaching pour freelances), dit souvent d’ailleurs que je suis une des personnes les plus “relax” qu’elle connaisse. 

Mais avec ces nouvelles circonstances… c’était différent.

Je me suis mis à avoir des comportements boulimiques, et à mettre mon stress dans la nourriture. 

Puis mon dos s’est mêlé de l’histoire, et m’a déclenché des migraines. 

Tout ça alors que je m’étais arraché de ma campagne de Corrèze pour aller au séminaire du Mastermind auquel je participais (celui que j’ai cité plus haut), au fin fond de l’Ardèche.

(oui, pour faire Corrèze – Ardèche en train, il faut passer par Paris, bravo la SNCF).

D’ailleurs, c’est sur le trajet jusqu’au lieu du séminaire que j’ai pris conscience d’à quel point cette nouvelle réalité financière de mon entreprise touchait à ma santé mentale.

Entre la gare de Valence TGV et le lieu qui nous accueillait nous avons eu un voyage d’environ 1h30 dans un grand bus (en mode colo de vacances).

J’étais là, assis avec la tête contre la fenêtre entouré de 40 entrepreneur-es inspirant-es et plein-es d’enthousiasme avec qui je n’avais pas vraiment la force d’échanger parce qu’à l’intérieur, j’étais en souffrance.

En regardant par la fenêtre, je me suis surpris à ressentir des envies débordantes de manger à chaque fois qu’on passait devant un panneau en lien avec la nourriture.

Alors que j’avais mangé pas si longtemps avant, et qu’en réalité je n’avais absolument pas faim.

En passant devant la 10ème boulangerie du voyage, et en imaginant un gros sandwich plein de fromage et de crudités, je me suis mis à verser silencieusement des larmes dans mon coin du bus.

Pour la première fois depuis de longues années, ce que je voyais de moi-même quand je me “regardais dans la glace” me faisait peur, et me rendait triste.

Pire encore, je détestais me voir comme ça. C’est dur à dire, mais clairement je ressentais du dégoût face à moi-même et ce qui m’arrivait.

Qu’est-ce que j’avais fait pour mériter de me sentir aussi mal et d’avoir des élans absolument incontrôlables pour bouffer tout ce qui me passerait sous le nez simplement pour combler ce nouveau stress que je découvrais ?

Je n’avais rien “fait” enfait.

J’étais tout simplement perdu face à l’ampleur de la nouvelle réalité de mon entreprise. 

J’étais sans repères. 

Tu sais toi ce que c’est une entreprise “saine et en bonne santé” ?

Est-ce que c’est sain de dépenser +10 000€ par mois ? Ou est-ce que c’est une énorme co**erie ?

C’est quoi un bon pourcentage de profit ?

Est-ce que c’est une bonne idée de réinvestir la majorité de son chiffre d’affaires et ne pas forcément se payer plus ? 

Hein ? Hein ?? HEIN ?!

Quand je te disais au tout début de cet article que je n’arrivais même plus à faire confiance aux chiffres que je voyais dans mes tableaux de suivi financier, c’est de ça dont je parlais. 

J’étais persuadé que je faisais n’importe quoi, et que tout allait joyeusement se péter la gueule.

Mais heureusement, l’histoire ne s’arrête pas là.

Ce qui m’a permis de sortir la tête de l’eau, c’est clairement le fait d’être accompagné dans le cadre du Mastermind, et aussi sur les sujets autour de ma santé.

La première chose, c’est que le séminaire que nous avons vécu pendant le Mastermind était EXACTEMENT ce dont j’avais besoin.

Le domaine du Taillé - lieu du séminaire du Mastermind Livementor

Le Domaine du Taillé – le lieu qui a accueilli le séminaire du Mastermind LiveMentor

Deux jours, au fin fond de l’Ardèche en pleine nature dans un centre Zen, avec l’invitation d’éteindre nos téléphones et se déconnecter.

Nous n’avons pas fait d’exercices business intenses en mode “on défonce tout sur nos entreprises”.

On a fait une randonnée à 40 dans la forêt.

On a fait un cercle de parole pour parler de nos boîtes et leur place dans nos vies (on a pleuré).

On a fait des exercices pour revenir dans le corps.

On a bien mangé.

J’ai éteint mon téléphone pendant deux jours entiers.

J’ai même reçu un petit “Trophée de la joie” parce que j’apporte de la bonne humeur au monde selon Alexandre et Ilhem qui organisaient le séminaire.

J’ai soufflé, je me suis déconnecté, j’ai éteint le cerveau. 

Et c’était formidable.

Deux personnes ont également été salvatrices dans les semaines qui ont suivi, et je pense que ma fin d’année aurait été radicalement différente sans elles pour m’épauler : 

La première, était ma mentor dans le cadre du Mastermind : Gwénaëlle Gonzalez.

Elle était sur le point de vendre les parts de son entreprise qui avait eu une immense croissance dans les dernières années et qui s’est imposée comme une référence dans son secteur : Nuoo (une marque de cosmétiques bio).

Pendant une de nos séances, j’ai montré mon tableau financier à Gwen en lui expliquant tout ce qui se passait dans ma tête et mon système nerveux qui partait en cacahuètes. 

Je lui ai dit que je savais plus quoi penser de ces chiffres, que je ne savais même plus s’ils étaient vrai ou comment m’y retrouver.

Gwenaelle a regardé mes chiffres, et en une phrase, tout à changé :

“Thomas, je crois que tu réalises pas à quel point ta boîte est en HYPER bonne santé.
L’immense majorité des entreprises en France sont déficitaires chaque année ! Ton tableau affiche 17 000€ de bénéfices annuel alors que tu investis de fou ? C’est DINGUE”

Cette simple phrase à eu l’effet d’un électrochoc en moi. 

Parce qu’elle m’a donné des repères.

Tout d’un coup j’ai arrêté de me concentrer que sur le niveau de dépenses, et j’ai pris conscience de la plus grande image.

Oui, on a dépensé plus de 65% de notre chiffre d’affaires cette année (sans compter les impôts et ma rémunération), mais au bout du compte les profits sont là.

La santé financière de mon entreprise en 2022

La répartition de la santé financière de mon entreprise en 2022

Tout de suite, je me suis senti plus en confiance, plus sûr de moi, et plus en sécurité

Aujourd’hui quand je regarde le découpage de ma santé financière de 2022, je me dis que j’ai fait une année de ouf.

C’est dingue non ? Une seule phrase sortie de la bouche de la bonne personne, et mon regard sur EXACTEMENT les mêmes chiffres s’est radicalement transformé. 

Mon stress a petit à petit diminué (notamment grâce à la 2nde personne dont je vais te parler dans un instant), et j’ai retrouvé mes moyens pour assurer à la fin du mois de Novembre mon plus grand événement de l’année (mon séminaire Excellence Marketing Indépendant).

Je vais te laisser avec une phrase qui à mon sens résume à merveille ce que j’ai vécu et vient de te décrire. 

S’il te plaît, souviens-toi de cette phrase.

Ce qui crée notre qualité de vie et de ressenti, ce ne sont pas les faits, mais comment on les interprète. 

Ce qui a généré TOUT mon stress et ma boulimie et mon mal de dos et mes migraines, ce n’étaient pas les faits de combien je dépensais pour mon équipe et mon entreprise. 

C’était mon interprétation et l’histoire que je me racontais sur ces dépenses.

Une phrase à changé TOUT dans la manière dont je lisais les chiffres de mon tableau. Et à changé TOUT dans mon quotidien et comment je me sentais.

Peut-être que toi aussi, en ce moment, ta manière d’interpréter ta situation actuelle génère plus d’inconfort que nécessaire.

Parle en avec quelqu’un qui te donnera des repères sur ce que tu vis, prends du recul, et clairement ça peut tout changer.

Maintenant, la seconde personne qui m’a énormément aidé à ce moment-là et que je me dois de citer c’est… 

Ma naturopathe, Marie Le Troadec.

Quand notre corps et notre esprit perdent pied, c’est extrêmement difficile de prendre du recul sur ce qui se passe.

Dans le feu des pires effets de mon stress, ma naturopathe m’a aidé à déceler les habitudes et soutiens qui me permettraient de mieux surfer sur la vague et aller vers du “mieux”.

De la même manière que Gwenaëlle m’a aidé à prendre du recul sur les chiffres et ce qui se passait dans mon entreprise, Marie m’a aidé à prendre du recul sur ma santé et ce qui se passait dans mon corps.

Et sa réponse n’a pas été simplement de dire “tiens, prends ce médicament contre le stress, ça ira mieux dans 1 semaine”

Elle m’a fait creuser bien plus loin que ça.

Si tu ne connais pas bien la discipline de la naturopathie les personnes qui la pratiquent avec la profondeur nécessaire pour “bien” le faire sont absolument fascinantes dans leurs connaissances sur le corps humain.

(NB : c’est un métier sans barrières à l’entrée, comme le coaching, pour le meilleur et malheureusement parfois aussi pour le pire …. comme le coaching !)


C’est peut-être étonnant pour toi de me lire à propos de ma santé dans cet article sur le management et le recrutement.

Mais comme mon expérience de Novembre me l’a rappelé, une fois encore, notre santé est notre bien le plus précieux dans la vie, et dans nos entreprises.

Passer un cap dans son business, ça implique tout ton corps et ta santé mentale et physique.

On ne peut pas se passer de notre corps, et il nous le fera remarquer un jour ou l’autre. Alors prenons-en soin.

La responsabilité d’être un employeur, et le réflexe de manger en dernier

Il y a une dernière chose dont je souhaite parler dans cet article sur mon passage de “seul dans mon business” à “j’ai une équipe autour de moi”.

C’est le rapport à la “responsabilité” que cela représente d’être “employeur”.

Je me suis rendu compte que là aussi, j’avais identifié une nouvelle source de stress que je n’avais jamais rencontré auparavant.

Le stress que le revenu de quelqu’un d’autre dépende de soi.

Parce que oui, même si la majorité des personnes qui travaillent avec moi sont freelances, je ressens clairement une forme de responsabilité auprès de ces personnes. 

Notamment du fait que je mets beaucoup d’attention à ce que nous ayons une vraie relation.

Je n’ai pas envie de devoir leur annoncer du jour au lendemain qu’on doit mettre un terme à la mission car les ressources manquent. 

Je ne sais que trop bien ce que ces moments représentent dans la vie d’une entreprise freelance, quand un client récurrent nous “lâche”.

Alors j’essaie vraiment de faire en sorte qu’on ne rencontre pas ce genre de situation.

Et en même temps, j’observe le poids que celà représente.

En début de mois j’ai maintenant une petite voix dans ma tête qui se demande : “Et si c’était maintenant que le système casse et qu’on ne génère pas assez d’argent pour payer tout le monde ? On fait comment ?”

Face à cet enjeu, je pense que le mauvais réflexe de tout entrepreneur, que j’ai moi aussi clairement eu et envisagé en 2022 c’est celui de manger en dernier.

(par manger j’entends se payer).

Combien d’entre vous ont parfois passé un ou plusieurs mois sans vous verser de salaire pour privilégier le paiement des factures de votre équipe ?

La réponse c’est : “trop”.

Face à cette nouvelle réalité, mes bonnes habitudes pour faire face au stress redoublent d’importance (encore merci la Naturopathie !), mais j’ai aussi identifié deux autres axes clés pour mieux vivre les choses.

La première, c’est d’investir à fond sur mes compétences de gestionnaire, notamment sur le volet financier.

J’implémente en ce moment-même un nouveau modèle de gestion de nos finances où le profit et la rémunération du dirigeant sont les deux premières priorités sur chaque paiement qui tombe sur le compte bancaire.

L’objectif de ce modèle, c’est d’éviter de faire des projets d’investissements avec de l’argent qu’on n’a pas vraiment et qu’on viendra “piquer” sur notre salaire à la fin du mois si jamais il manque quelque chose.

La seconde piste, c’est de revenir régulièrement questionner ma vision pour rester aligné.

Ce “stress de l’employeur” est un des inconvénients à vivre et traverser avec le fait de développer une équipe. 

Je le découvre sur la route, mais la question que je dois me poser c’est : “est-ce un inconvénient que je suis prêt à vivre pour continuer ce chemin ?”

Dans mon cas, la réponse est un grand OUI.

Alors je continue, et j’avance, avec l’acceptation des avantages ET des inconvénients que ça représente.

En passant du modèle “solo” au fait d’avoir une équipe autour de moi j’ai découvert de nouvelles formes de stress, mais tous les avantages que j’y trouve (à court et à long-terme) valent pour moi le voyage.

Il y a encore énormément à apprendre et énormément à faire pour arriver au stade de ce que j’imagine comme étant mon “idéal” sur ces sujets, mais le voyage est absolument fascinant.

Je te souhaite sincèrement de connaître le plaisir que j’ai pu goûter cette année avec mon équipe, et la satisfaction qui naît du fait d’œuvrer ensemble à créer des choses qui nous inspirent.

Pour écrire la conclusion de cet article, je suis allé voir ma conclusion de l’article bilan de l’année 2021 juste ici, et je suis amusé d’à quel point mon discours est aligné sur mes conclusions d’une année sur l’autre.

J’écrivais l’an dernier que la forme de “dépendance financière” du fait de développer son entreprise avec une équipe n’était pas forcément pour tout le monde, mais que j’avais choisi de prendre cette voie en considérant les avantages ET les inconvénients que cela représente.

Et un an plus tard, c’est effectivement ce que j’ai fait.

Mais je réitère, ce n’est pas LA voie royale que nous devons tous et toutes suivre. 

L’épanouissement entrepreneurial (et dans sa vie) sera différent pour chacun et chacune de nous, autant dans la forme que dans le fond.

C’est cette certitude qui donne d’ailleurs son nom à mon entreprise – Kaleidoscope Horizons Inc.

Nous avançons chacun-e vers un horizon unique, bien à nous (comme dans un kaléidoscope), l’enjeu c’est d’incarner NOTRE horizon dans nos entreprises et nos vies. Pas celui de notre voisin.

Alors voilà ce que je te souhaite pour 2023 : un bel alignement entre ton épanouissement, et tes décisions concernant l’évolution de ton entreprise.

En attendant de mon côté, je continuerai de tout donner pour produire la meilleure pédagogie francophone sur l’entrepreneuriat indépendant et faire de notre merveilleux statut d’indé une voie professionnelle reconnue, respectée et valorisée.

On avance ensemble, et je te souhaite sincèrement tout le meilleur.

Thomas Burbidge
Fondateur de Kaleidoscope Horizons Inc.

    Ici on parle business sans oublier que tu es un•e être humain qui cherche à s'épanouir et être heureux•se. Un e-mail pédagogique chaque semaine.

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